COP 27 : Repenser la gouvernance de l’énergie en Afrique pour favoriser une transition énergétique basée sur les énergies renouvelables
Les solutions d’énergie renouvelable peuvent faciliter la décentralisation et le déploiement de l’énergie vers les régions les plus isolées d’Afrique tout en réduisant l’impact du changement climatique. Pour pouvoir garantir un accès à l’énergie basé sur les énergies renouvelables et un bon rapport coût-efficacité à tou·te·s les Africain·e·s, il faudra néanmoins modifier l’approche de gouvernance de l’énergie sur le continent.
C’est un des principaux arguments évoqués par le Dr Augustine Njamshi, coordinateur de la Coalition africaine pour l’accès et l’énergie durable, le 11 novembre lors de l’événement « How renewables in Africa support climate change and save the planet » (Comment les énergies renouvelables en Afrique favorisent la lutte contre le changement climatique et sauvent la planète), organisé par l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI), en coopération avec l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA).
La discussion, qui a eu lieu en marge de la COP 27 à Charm el-Cheikh en Égypte, s’est penchée sur l’augmentation des investissements dans les énergies renouvelables qu’exige une action efficace contre le changement climatique. La session était animée par M. Eugene N. Nforngwa, expert senior de la transition équitable et de l’accès à l’énergie à l’Alliance panafricaine pour la justice climatique.
Le Dr Njamshi a également souligné que les conséquences sur l’énergie de l’invasion russe en Ukraine et la priorité croissante donnée aux énergies fossiles pour résoudre la crise énergétique à court terme sont inquiétantes à la fois pour l’Afrique et pour l’Europe. Il a insisté sur le fait que les énergies renouvelables sont la solution appropriée. Il note également qu’avec des technologies de plus en plus robustes, l’accès aux énergies renouvelables devient abordable.
M. Johan van den Berg, chef du secrétariat du Partenariat Afrique-UE pour l’Énergie, a souligné le besoin urgent d’accélérer l’accès à des solutions énergétiques à faible intensité de carbone en Afrique, mais aussi la nécessité de trouver un équilibre entre la demande d’énergie du continent à court terme et à long terme. Il a indiqué que pour faciliter une bonne transition énergétique en Afrique, il est important de mettre en place une collaboration synergique entre les institutions internationales et l’ensemble des acteur·rice·s impliqué·e·s.
M. Simbini Tichakunda, AUDA-NEPAD, a souligné que la transition énergétique africaine a débuté dans les années 1990, mais qu’elle a été insuffisante au regard des objectifs visés. Il a également évoqué le déséquilibre énergétique régional sur le continent tout en ajoutant que l’Afrique possède un vaste potentiel inexploité dont il serait possible de tirer parti en augmentant les investissements dans la production d’électricité renouvelable. Cela permettrait à l’Afrique non seulement d’être autosuffisante, mais également d’exporter et de trouver ainsi des solutions à la pauvreté économique et énergétique.
M. Rashid Ali Abdallah, directeur exécutif de l’AFREC, a récapitulé en indiquant que l’Afrique possède 70 % des ressources solaires mondiales, mais seulement 1 % de la capacité installée et a évoqué des moyens pour inverser cette réalité. D’après lui, les solutions comprennent notamment des financements innovants, la réduction du coût de financement associé à la disponibilité et au caractère abordable des énergies renouvelables, la création d’un système logistique adéquat pour faire le lien entre les centres de production et les centres de demande transfrontaliers et le transfert de technologie interafricain. La production locale de technologies innovantes permettant de générer des énergies renouvelables jouera également un rôle clé.
Le Dr Jauad El Kharraz, directeur exécutif du Centre régional pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (RCREEE), a également parlé du potentiel d’hydrogène vert de l’Afrique et invité les partenaires à travailler davantage sur les différents risques associés aux énergies renouvelables. En effet, plus les risques sont contrôlés, plus il est facile d’obtenir des financements et donc de concrétiser la transition énergétique.